Quelle approche conseillerais-tu à une femme pour se préparer activement à la ménopause et être sereine pendant cette transition ?
“Mesdames, la ménopause ne vous tombe pas dessus comme ça, elle se prépare 10 ans avant!”
Et j’aime rajouter “autant de femmes il y a, autant de manière de vivre et percevoir la ménopause il y a.”
La ménopause est un passage que les femmes vivent depuis la nuit des temps. Notre corps a été conçu comme ça. En revanche, il est moins bien préparé à tout le stress que nous vivons, aux pollutions en tout genre, aux additifs et conservateurs… Et se préparer permet de repérer tout ce qui vient nous déséquilibrer.
Chaque femme est unique, et mieux elle connait son propre mode de fonctionnement (et pas celui dicté par l’exttérieur), mieux elle s’appropriera cette transition.
Concernant la ménopause, qui correspond à une fin de cycle, l’approche que je propose pour les femmes est de se familiariser avec les différentes phases de leur cycle menstruel, et plus particulièrement avec la manière dont elles vivent la période prémenstruelle.
Toutes les femmes savent très bien comment elles se sentent durant cette période car c’est celle où il y a le plus d’inconforts : humeur en dent de scie, corps qui change, fatigue, irritabilité…
Tous ces phénomènes ne sont pas une fatalité et peuvent être accompagnés pour aller vers un mieux être. Et toutes ces ressources que vous apprenez pour coopérer avec votre cycle menstruel et ne plus le subir vous aideront pour la traversée de la ménopause.
Mon approche est de repérer, grâce aux symptômes, les déséquilibres les plus profonds, et de venir soutenir les piliers de l’équilibre hormonal que sont l’alimentation, la régulation du système nerveux et le mouvement.
Cela permet ensuite d’avoir une meilleure idée de ce qui se passe vraiment pour chaque femme, et d’ajuster individuellement en fonction des besoins.
De quelle façon les femmes doivent se prioriser durant cette transition ?
Se prioriser en tant que femme est vraiment un challenge de tout les instants. Durant cette transition, il y a deux priorités selon moi :
- apprendre à réguler son système nerveux parce que le système hormonal est sous l’influence du système nerveux. C’est comprendre, d’une part, que le système nerveux est différent de notre mental et d’autre part, que nous pouvons avoir l’impression que nous ne sommes pas stressée, que tout va bien, alors que la réalité du système nerveux est qu’il est sous tension. Nous nous en rendons compte assez facilement par les tensions physiques présentes, par une respiration “en apnée”, un sommeil pas très bon…
- apprendre à faire évoluer notre alimentation. Aussi bien le rapport que nous entretenons avec l’alimentation que ce que nous mettons dans l’assiette. Il est aussi question de comment j’assimile les nutriments apportés par les aliments, comment je digère… Notre alimentation influence notre équilibre hormonal, et là je parle de la qualité et de la diversité des aliments que nous consommons, l’état d’esprit dans lequel nous prenons nos repas, la facilité de notre transit …
Prioriser ces deux systèmes contribue à prendre soin de soi.
Tu mentionnes l'idée de sortir du "pilotage automatique" de nos vies. Comment cette prise de conscience peut-elle jouer un rôle dans la préparation à la ménopause selon toi ?
Sortir du pilotage automatique c’est déjà accepter et comprendre que nous fonctionnons beaucoup de manière automatique sans même nous en rendre compte. Il s’agit de commencer par s’observer, et plus particulièrement par observer ce que nous voudrions changer.
C’est sortir de nos habitudes, c’est faire évoluer nos croyances et nos perceptions au sujet de nos vies de femmes, au sujet de la ménopause et tout ce que cette période suppose individuellement et collectivement. C’est se poser la question “de quoi ai-je envie pour cette 2ème partie de vie qui s’offre à moi ?”
C’est aussi intégrer la notion d’épigénétique, c’est-à dire l’influence que notre environnement a sur l’expression de nos gènes, et l’environnement c’est tout ce sur quoi nous avons une influence : mes relations, mes pensées, ce que je mange, bois, respire, lis … et en ayant conscience que si je change des choses, petit à petit, il y aura des résultats différents dans ma vie, je comprends aisément que tout ce que je mettrai en place pour préparer la ménopause facilitera grandement sa traversée.
Peux-tu expliquer l’importance de la connexion avec la nature ?
Sur l’échelle de l’évolution humaine, nous avons été plus longtemps en contact avec la nature que entouré de béton et ce contact précieux avec la nature qui nous entoure, avec le vivant autour de nous nous reconnecte à nos propres rythmes et cycles. Par exemple, prendre la lumière du jour donne l’information à notre corps que telle ou telle hormone doit être sécrétée, et c’est fondamental pour le rythme circadien.
Et puis dans cette connexion à la nature, il y a notre lien privilégié avec les plantes. De tout temps, l’être humain a consommé des plantes et nos cellules se souviennent de ce message dès que nous les intégrons dans notre quotidien.
Peux-tu expliquer pourquoi la connexion avec son corps est importante dans la préparation à la ménopause ?
Nous sommes bien souvent “coupées” de notre corps, je veux dire par là que nous sommes assez éloignées de ce que nous ressentons véritablement et que nous commençons à nous intéresser à notre corps quand les signaux qu’il nous envoie deviennent trop forts. Et dans un premier temps d’ailleurs, ce sera souvent pour le maudir parce qu’il ne répond plus comme nous le souhaiterions, plutôt que de le soutenir. Nous avons tout intérêt à nous rapprocher de nos sensations et ressentis et de les utiliser comme une boussole. Le corps ne ment pas sur ce qui se passe à l’intérieur de nous et c’est reconnaître cette intelligence.
Nous percevons notre environnement par nos cinq sens, et notre corps en est la porte d’entrée.
Selon toi, en quoi comprendre ce qu’il se passe en soi peut-il impacter positivement la relation avec soi-même et autrui ?
Comprendre ce qui se passe pour soi permet d’entrer en relation avec notre humanité la plus profonde. Nous devenons plus compatissante et bienveillante envers nous même en comprenant que nous sommes “normales” de vivre ce que nous vivons et que nous n’avons pas à atteindre je ne sais quel idéal conditionné par la société, ou que nous n’avons pas à nous cacher de vivre la ménopause, ni même nous laisser être invisibilisée. Ainsi notre relation à nous-même s’adoucit avec le temps, et ainsi nous percevons mieux ce qui se passe pour les autres. Et lorsque je reçois une femme en séance individuelle, au-delà de la raison pour laquelle elle vient, je sais que c’est une femme chargée de toute son histoire de vie, de toute son envie d’aller mieux, et de tous ses propres freins aussi.
Je crois vraiment que nous avons plus besoin de douceur que d’être boostées, de même nous avons plus besoin d’être régénérées et ressourçées que d’être détoxifiées, du moins dans un premier temps.
Pourrais-tu partager des conseils pratiques pour apaiser les inconforts et leur impact lors de la ménopause ?
Je tiens à rappeler ici que beaucoup de femmes vivent très bien ce passage de la ménopause avec peu, voire pas d’inconfort. Les inconforts viennent nous parler de déséquilibres déjà installés en plus de la réelle transformation hormonale. La ménopause est un amplificateur de tous ces déséquilibres.
Individuellement, tous les inconforts n’ont pas la même origine. Mais il y a deux choses importantes à intégrer à son quotidien : les plantes reminéralisantes, telle que l’ortie (la grande amie de la femme), et les adaptogènes telle que le basilic sacré ou le reishi qui permette à l’organisme de mieux s’adapter au stress.
En quoi la poursuite de projets personnels peut-elle contribuer à une préparation pendant la ménopause ?
C’est là que réside le génie de la ménopause : nous devenons fécondes à nous-mêmes. Pour les chinois, c’est le 2ème printemps de la femme avec la possiblité de faire émerger toutes nos potentialités, toute notre créativité. Nous nous sentons plus libres aussi, plus affranchies du regard extérieur. C’est ça que la préparation et le passage de la ménopause nous apportent. Nous avons vécu plein d’expériences en tant que femme, et nous prenons appui dessus en tant qu’enseignement que nous mettons à notre profit.
Et avoir des projets nous maintient dans cette dynamique d’en-vie et de créativité.
Que pouvons-nous trouver comme outils concrets pendant la ménopause ton livre "Ménopause Métamorphose" ?
Dans mon ouvrage, vous retrouverez toutes les explications pour explorer votre cycle menstruel, et c’est complémentaire avec mon podcast Au Coeur de la Femme.
Je vous invite également à vous questionner sur ce passage et comment vous avez envie de le vivre.
Je propose aussi des expérimentations autour de l’alimentation, des mouvements pour retrouver de l’énergie et vous connecter à votre corps, des visualisations pour vous connecter à votre nature profonde, des sessions d’auto massages, des conseils pour un meilleur sommeil.
Et pour celles qui souhaitent aller plus loin, j’ai un programme en ligne en autonomie.
Un petit mot de soutien aux femmes qui traversent cette transition ?
La ménopause est une dynamique qui ne vous enlève rien mesdames, bien au contraire, nous vivons une transformation incroyable. Et je vous invite à voir la ménopause du point de vue de toutes les expériences que la vie vous a apporté et qui font de vous une femme sage, qui va aller de l’avant, plutôt que de la regarder par l’angle du corps qui change. Parce que l’avancée en âge est inéluctable et que l’illusion de la jeunesse éternelle nous entretient dans beaucoup de stress.
Je vous invite à vous connecter à d’autres femmes pour parler de ce qui se passe, d’aller chercher des endroits où la sororité peut s’exprimer authentiquement. Nous sommes trop isolées aujourd’hui avec nos peurs et nos doutes. Il est grand temps de nous retrouver.
Auteur : Pascaline Lumbroso
Retrouvez le livre de Pascaline : Ménopause Métamorphose